Dans la Dérive du Réel, la notion de « totalitaire » ne désigne pas un régime politique mais une qualité relationnelle au sein d’un groupe formel ou informel, c’est-à-dire avec ou sans système de gouvernance institué.
Tout au long du livre des contours du totalitaire sont repérés.
Le premier contour provient de la traditionnelle opposition héritée du XXème siècle entre le démocratique et le totalitaire. Est totalitaire ce qui a la prétention de déployer un storyworld capable de tout expliquer, un storyworld total.
Un storyworld totalitaire applique à toutes les situations du monde sa logique conceptuelle : il est idéologique.
Le deuxième contour concerne le rapport du storyworld au réel. Le totalitaire déploie des storyworlds sans se soucier de leur rapport au réel. Il projette sa vision et ses croyances sur le réel, quitte à réécrire les données du réel : il peut être falsificateur.
Le troisième contour du totalitaire se trouve dans l’allégeance attendue de ses adeptes : elle est totale. Toute remise en question entraîne des sanctions : condamnation, discrimination, ostracisation, punition, voire élimination.
Enfin le dernier contour du totalitaire apparaît dans la relation avec les autres storyworlds. Un storyworld totalitaire n’accepte pas l’existence d’autres storyworlds, et encore moins l’alternance entre les storyworlds dans les instances de gouvernance.
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